L'Alsace, éd. de Guebwiller, 16.3.2003

Dans le cadre de la série "Correspondant à la page", Alain Eckes, correspondant du quotidien L'Alsace, a livré aux lecteurs ses coups de coeur saisis lors de son activité au service du journal ("Correspondant à la page - Alain Eckes, un homme d'histoires", 16.3.2003)

Quel automobiliste circulant sur la RN 83 peut rester indifférent en jetant son regard sur le Bollenberg, cette colline dénudée qui rompt la monotonie de la plaine et tranche singulièrement avec l'arrière-plan verdoyant du massif vosgien ?

Les chemins qui serpentent le Bollenberg constituent mes terrains d'entraînement privilégiés pour la pratique de la course à pied. En partant de Gundolsheim, après un gros quart d'heure d'échauffement sur le plat, on atteint les premières pentes pour se retrouver très vite dans un paysage enchanteur. On traverse très facilement le vignoble qui recouvre toute la partie basse de la colline et qui produit des vins parmi les plus réputés d'Alsace. Plus haut, le chemin rejoint la lande, connue par les naturalistes pour abriter une faune et une flore typiques du climat méditerranéen. C'est sur cette prairie sèche et caillouteuse que, si l'on en croit la légende, se réunissaient jadis les sorcières de toute la région pour y célébrer des sabbats endiablés. La tradition populaire en a gardé le souvenir en affublant la chapelle Sainte-Croix qui domine le village d'Orschwihr du nom de chapelle des Sorcières (Haxakapal). Entre ce petit édifice cultuel et l'auberge, on affronte les dénivelés les plus importants pour atteindre le point culminant de la colline, où l'on peut enfin reprendre son souffle. De là, le panorama se révèle dans toute sa splendeur : on embrasse du regard toute la plaine, de Mulhouse à la Hardt, et, lorsque le temps est propice, on peut apercevoir au second plan le massif de la Forêt Noire.

Quelle chance de pouvoir bénéficier d'un tel joyau à quelques kilomètres seulement de Gundolsheim !

Alain Eckes

Si l'on en croit la légende, les sorcières de toute la région se réunissaient jadis au Bollenberg pour y célébrer des sabbats endiablés.