Généalogie et Histoire
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"Les litiges matrimoniaux devant l'Église"

L'Alsace, éd. de Guebwiller, 12.4.2002

Alain Eckes continue son étude des litiges matrimoniaux en Haute-Alsace jugés par le tribunal épiscopal. Le volume II de ses dépouillements vient de paraître.

Après s'être intéressé aux quarante dernières années d'affaires matrimoniales traitées par le tribunal épiscopal installé à Altkirch, Alain Eckes, le généalogiste de Gundolsheim, remonte lentement dans le temps pour se pencher précisément sur une décennie de jugement (1745- 1756).

Fort de l'expérience acquise en traitant l'époque 1757-1790, il a pu compulser des masses de liasses de jugements d'enquêtes, de pièces de procédures pour tenter de comprendre les motivations des antagonistes en matière de rupture matrimoniale.

Le tribunal épiscopal, chargé de régler ce type de problèmes, avait compétence alors sur la quasi-totalité de l'actuel département du Haut-Rhin excepté les paroisses de la vallée de Sainte-Marie-Aux-Mines et la région de Marckolsheim : « Le mariage relevait alors de la responsabilité de l'Église. Tous les litiges le concernant étaient confiés aux tribunaux ecclésiastiques établis auprès de chaque évêque. C'était logique », explique le chercheur qui rappelle notamment que c'est Louis XIV qui avait souhaité que ce tribunal soit installé à Altkirch alors que la région dépendait du diocèse de Bâle afin que ses sujets n'aillent plus plaider hors de son royaume.

Des litiges différents

« Les cas de non-respects de promesses de mariages sont les litiges les plus nombreux, l'une des deux parties renonçant à son engagement matrimonial », a remarqué le jeune historien qui souligne que les litiges concernaient aussi des mariages de réparation, des affaires souvent introduites par des femmes qui, prétendant avoir reçu des promesses, se retrouvaient enceintes ou mères… et abandonnées par leur promis.

Les affaires concernaient aussi des oppositions qui permettaient de retarder un mariage, notamment lorsque des engagements n'ont pas été respectés. Il y avait aussi des demandes de séparation de corps et d'habitation qui sont, on l'imagine, à l'époque source de scandale dans de petites communes.

En tout le cahier Matrimonalia 2 traite de 367 affaires qui viennent s'ajouter aux 300 litiges étudiés dans le cahier 1.

Morceaux choisis

En 1745, Marguaritha Frick, de Pfaffenheim s'oppose au mariage de François Burghard, de Gueberschwihr. Des promesses avaient été faites par le prétendant et les parents du futur époux étaient consentants. Marguaritha a d'ailleurs produit des témoignages qui confirment l'accord entre les parents des deux protagonistes.

Quelques jours plus tard, c'est Mariam Walch, de Hartmannswiller qui souhaite que Théobald Burtschi respecte les engagements qu'il avait pris quatre ans plus tôt. Elle sera déboutée et la promesse de mariage annulée. Même le curé du village n'arrivera pas à trouver un arrangement entre les parents des deux plaignants.

En 1746, Mariam Schneider, d'Issenheim obtient, quant à elle, réparation : Appolinario Hyrth lui versera une forte somme en dédommagement de la promesse de mariage et du préjudice subi lors de sa grossesse. L'enfant qu'elle avait mis au monde est décédé.

En 1747, à Soultzmatt, l'affaire prend une autre tournure : Anna Maria Ziegler souhaite faire annuler son mariage contracté 13 mois plus tôt affirmant son mari impuissant et d'être maltraitée. Le litige est réglé à l'amiable, les deux parties se promettant de cohabiter pacifiquement.

En 1750, à Soultz, c'est Élisabeth Kobb qui a dû quitter son domicile, prétendant être maltraitée par son mari et qui demande réparation.

La même année a lieu une affaire pénible opposant Reyne Weigandt à « son prétendu mary ». Elle obtient annulation et invalidation du mariage contracté trois ans plus tôt. Mais pour arriver à ses fins, elle aura obligé son époux à une expertise médicale. Les médecins prêteront serment et affirmeront Joseph Sutter « impuissant et entièrement inhabile à la génération. » Sur l'acte de mariage original, la sentence du tribunal sera inscrite avec une petite précision : l'épouse est libre de contracter une nouvelle union…

N. L.

  Les conflits matrimoniaux, sources d'informations intéressantes pour les historiens locaux et les généalogistes.