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L'Alsace, éd. d'Altkirch, 5.2.2002 Le généalogiste Alain Eckès a dépouillé les fonds des archives départementales du Haut-Rhin concernant les affaires matrimoniales jugées par le tribunal de l'évêque de Bâle à Altkirch, sous l'Ancien Régime. Le premier volume vient de paraître. Qu'on se le dise, vivre en couple a de tout temps été l'objet de tracas, de luttes et de compromis. Ainsi au XVIIIe siècle, de nombreuses affaires concernant des mariages ou des futures unions ont été tranchées par le tribunal épiscopal installé à Altkirch mais concernant tous les litiges matrimoniaux de Haute-Alsace. Toujours à la recherche de nouvelles sources et auteur de nombreux dépouillements, aussi bien de listes de soldats alsaciens enrôlés au service des rois que des miraculés de Einsiedeln, le Gundolsheimois Alain Eckès, généalogiste professionnel, c'est penché sur 297 affaires matrimoniales traitées par le tribunal d'Altkirch entre 1757 et 1790. Litiges Ces litiges matrimoniaux, jamais exploités à ce jour, permettent de donner un éclairage nouveau sur la vie des couples sous l'ancien régime. Ces affaires sont de précieux points de repères généalogiques et mentionnent souvent des témoins ou parents. Autant d'indices intéressants pour les chercheurs. Divorces, oppositions de mariages, séparations font l'objet de nombreuses procédures. Les raisons des litiges sont très variées. Ainsi, Mariam Pflub, d'Issenheim, gagne son procès contre le dénommé Georgium Leheman qui n'avait pas tenu sa promesse de mariage et n'avait pas légitimé l'enfant né quatre semaines plus tôt. De son côté, Anna Mariam Stössel, de Heiwiller, s'oppose à Joannem Peter, de Tagsdorf, lui reprochant de ne pas avoir tenu ses promesses et qu'elle avait accouchée d'un enfant de lui. L'officier du régiment suisse de Wittmer verra dans la foulée sa promise Catharina Martin, de Huningue, annuler sa promesse de fiançailles jugeant le dénommé Peter comme ayant une vie trop scandaleuse. Démon Morand Hauer, bourgeois d'Altkirch, refusera lui aussi d'épouser Marie-Anne Donny en 1785, et demande à la justice de trancher en faveur de son futur mariage avec Marie- Ursule Borer. L'affaire était aussi grave pour Agathe Zwenger, de Hartmannswiller, mariée depuis dix ans à Mathaeum Munch qui lui infligeait de mauvais traitements. Malgré l'intervention d'une trentaine de témoins cités, elle devra rejoindre son mari. En 1759, Marie-Sophie Fischer devra présenter des preuves alors qu'elle porte plainte contre son mari, Antoine Beltz, chirurgien d'Altkirch, pour de mauvais traitements réguliers. A Rouffach, François Joseph Hoffmeyer annule sa promesse de mariage en constatant « que la demanderesse est estropiée à la main gauche » et que son père est chargé de dettes. A Munwiller, François Hoggy devra passer devant des experts et médecins car son épouse se plaint « qu'il n'ait jamais pu rendre le devoir conjugal pour raison d'impuissance ». Enfin, dans le litige opposant Marie Atanase Mohler, de Guebwiller, contre Guillaume Zimmermann, meunier de Buhl, Marie Atanase souhaite annuler son mariage car elle prétend « avoir été forcée et contrainte par ses père et mère ». De nombreux interrogatoires d'amis et de parents seront réalisés et seront conclus par celui de la plaignante qui précisera « qu'elle aimerait mieux avoir le démon que lui » ! Le premier volume de « Matrimonalia. Nos ancêtres jugés par le tribunal épiscopal », concernant les litiges de 1757 à 1790, vient de paraître. Norbert L'Hostis
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