|
|
|
|
L'Alsace, éd. de Guebwiller, 15.7.2001 Aujourd'hui réputé pour la qualité de son vignoble et pour la richesse de sa faune et de sa flore, le Bollenberg a été pendant des siècles un centre religieux très important. Le Bollenberg s'étend sur les communes de Rouffach, d'Orschwihr et de Westhalten. Il est en réalité composé de trois sommets, dont le plus élevé, dominant la vallée de l'Ohmbach, culmine à 363 mètres. Mais c'est sur les pentes de la colline située à l'est, face à Gundolsheim, qu'ont été trouvées les traces d'une occupation très ancienne. Ainsi, certains archéologues du XIXe siècle ont vu dans les imposants blocs de grès vosgien émaillant la pelouse sèche, à proximité de l'auberge, d'anciens dolmens, témoins de rites cultuels anciens. Même si cette thèse est aujourd'hui contestée, la découverte de mobilier archéologique (hachette, fragment d'urne) est une preuve de la présence humaine sur la colline depuis le néolithique. Première cellule chrétienne Un établissement gallo-romain se trouvait sur la pente actuellement couverte de vignes et dominait la voie romaine qui passait en contrebas, sur le tracé de l'actuelle RN 83. C'est ce qu'ont révélé les vestiges de murs, les fragments de tuiles et les monnaies qui ont été mis à jour. Mais le Bollenberg a pris une réelle dimension religieuse au moment de l'installation sur ses pentes de la première cellule chrétienne du secteur de Rouffach. La découverte de pans de murs et de sarcophages mérovingiens à la fin du XIXe siècle, atteste de l'existence d'une église construite sur le flanc est de la colline aux environs du VIe siècle, à l'emplacement de la villa romaine. Située sur un lieu propice depuis longtemps aux pratiques religieuses, elle avait tout à la fois l'avantage d'être proche de l'ancienne voie romaine et du domaine royal d'Isenbourg, et de dominer une plaine aux terres fertiles. L'église, dédiée à Saint- Martin, bénéficia de la protection des comtes d'Eguisheim et des évêques de Strasbourg durant tout le Moyen-Age. Elle devint un centre de culte réputé, qui attirait les fidèles de tous les villages environnants, Bergholtz, Orschwihr, Soultzmatt, Westhalten, Rouffach, Gundolsheim et même Pfaffenheim. Il semble même qu'à l'occasion, des fêtes se tenaient autour du sanctuaire un marché d'une certaine importance. Déclin et disparition Peu à peu chaque village des alentours forma une paroisse autonome, centrée autour de son église paroissiale. Seuls les habitants d'Orschwihr continuèrent à fréquenter assidûment l'église Saint-Martin du Bollenberg jusqu'en 1 550. Par la suite, l'église fut confiée à un frère chargé d'assurer le service divin pour les fidèles qui s'y rendaient en procession deux fois par an, à l'occasion de la Saint-Martin et de la Trinité. Aux lendemains de la guerre de Trente-Ans, l'église était en ruine. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut définitivement détruite quelques années plus tard. A sa place fut construite une exploitation agricole, connue sous le nom de ferme Lidy, dont il ne subsiste plus que quelques murs ruinés et un puits comblé. Aujourd'hui, la chapelle des sorcières reste le seul édifice religieux du Bollenberg, dernier témoin de l'aura sacrée qui entoure la colline depuis les temps les plus reculés. Alain Eckes
|
|